George Frideric HANDEL (1685 – 1759)
Salve Regina, motet pour soprano solo
Dixit Dominus
Marc Minkowski, Direction musicale
Dates et lieux
6 mai 2015, 20h30 : Église, Saint-Martin-de-Ré (dans le cadre de Ré Majeure).
Durée : 1h
Distribution
Maïlys de Villoutreys, soprano
Blandine Staskiewicz, mezzo-soprano
Owen Willetts, contre-ténor
Enguerrand de Hys, ténor
Sévag Tachdjian, basse
Les Musiciens du Louvre
Marc Minkowski, direction
Présentation
À Rome, où sa présence est attestée entre 1707 et 1710, Handel dut composer de la musique sacrée pour les cardinaux et nobles laïcs de la cité papale. C’est ce qui conduit à envisager son Dixit Dominus comme une œuvre chorale, qui aurait été créée lors d’une fastueuse cérémonie pour la fête de Notre-Dame du Carmel, à l’été 1707. La présence de la partition chez le cardinal Carlo Colonna, ordonnateur de la célébration, semble plaider pour cette hypothèse. Toutefois, le ton martial et volontiers pathétique de l’œuvre suggère plutôt une composition in tempore belli – en temps de guerre –, loin des exultations.
En avril 1707, date qui figure sur le manuscrit, la guerre de succession d’Espagne bat son plein. L’ambassadeur espagnol, craignant l’arrivée des troupes germaniques à Rome, se réfugie dans sa résidence de Frascati, au sud-est de la ville. Le premier mai, fête de la Saint-Philippe et donc du roi d’Espagne Philippe V, il y fait donner un banquet à cinquante convives. Colonna, chez qui la partition du Dixit Dominus aurait été conservée, est à l’époque gouverneur de Frascati. Il est donc vraisemblable que le psaume ait été donné pour les vêpres de la Saint-Philippe. Une telle piste explique la violence du Conquassabit capita, le déchirement du Juravit Dominus, l’opiniâtreté guerrière du Gloria Patri.
Ces circonstances de déroute semblent également rejeter l’idée d’une œuvre pour chœur. Les attaques aigues, la virtuosité des lignes vocales rendent plus probable une exécution à un chanteur par partie, dans ce contexte où les effectifs musicaux devaient être restreints. C’est donc une version originale que reconstituent Marc Minkowski et Les Musiciens du Louvre, bouleversant notre perception de ce qui n’en reste pas moins un monument.
Source : Ré Majeure