Vous jouez Le Vaisseau fantôme de Wagner dans la version originale, écrite un ton plus haut. Pourquoi ?
Parce que cette version est beaucoup plus dans la lignée du bel canto. On l’entend surtout chez Senta. C’est une jeune fille romantique forte de caractère. En jouant plus bas, on perd ce côté juvénile.
Les opéras de Wagner gagnent à être mis en scène. Est-ce un problème de donner Le Vaisseau fantôme en version de concert ?
Non car Le Vaisseau fantôme fait appel à l’imaginaire. On doit être attentif à un certain équilibre car l’orchestre n’est pas dans une fosse mais sur la scène. Il est très important de s’écouter mutuellement afin de révéler toutes les nuances de la partition. En fait, cela devient simple si l’on s’attache aux indications données par le compositeur dans la partition. En musique, les couleurs et les nuances sont l’équivalent de l’âme pour les humains. Mais ne vous méprenez pas : bien entendu, la liberté en matière d’interprétation est importante et même indispensable. Le musique ne doit pas être un dogme.
Entretien réalisé par Miriam Damev pour Die Bühne
(en photo : Ingela Brimberg, interprète de Senta)